La rigueur historique de l’Ancien Testament

Il est fréquent, pour les détracteurs du christianisme, d’accuser la Bible de n’être qu’un ramassis mythologique n’ayant aucune assise historique solide. Ils pointent d’abord aux divers récits miraculeux en affirmant que puisque ces miracles bibliques n’ont pas été prouvés scientifiquement, alors ils sont nécessairement des fabulations superstitieuses. Or leur présupposition matérialiste trahit leur malhonnêteté, car la particularité des miracles est précisément de ne fonctionner dans le cadre limité des lois naturelles (physique, chimie, etc.) par lesquelles la science opère. Ces sceptiques exigent donc délibérément quelque chose qu’ils ne peuvent pas obtenir.

Un miracle est par définition une intervention surnaturelle déjouant les lois naturelles (ou opérant en dehors d’icelles). Conséquemment, les miracles ont la spécificité de ne pas être reproductibles ou même explicables par les moyens scientifiques à la disposition des humains.  Ce n’est pas la science qui dit que tout ce qui n’a pas d’explication scientifique n’a pas d’existence, c’est le scientisme. La nuance est capitale. Dieu, ayant créé les lois naturelles qui régissent notre univers et par laquelle la science peut exister, a également le pouvoir de fonctionner sans prendre en compte ces lois lorsqu’il le souhaite. Le réformateur Jean Calvin disait « Dieu n’est pas soumis aux lois parce qu’Il est lui-même Loi pour lui-même et pour tous » (cité dans la Revue réformée). Cette réalité vaut autant pour la physique que l’éthique et la logique.

Si le scepticisme exacerbé à la mode aujourd’hui était appliqué à l’entièreté de la discipline historique, alors être historien de métier serait impossible. Certes, nous pouvons raisonnablement douter de certains comptes rendus de miracles qui nous parviennent de part et d’autre, mais rejeter en bloc tous les récits historiques faisant état de miracles relève d’un grave manque de sérieux. Comme le disait l’historien F.F. Bruce, « la question de la véracité des miracles […] ne peut pas être tranchée en termes de recherche historique uniquement » (Les documents du Nouveau Testament, Impact, p. 75). Ainsi les récits comprenant des miracles ne doivent pas être automatiquement rejetés sur la seule base… qu’ils se réfèrent à des miracles. L’historien grec Hérodote, considéré comme le « père de l’Histoire », faisait volontiers allusion aux interventions divines et pourtant c’est une des meilleures sources dont nous disposons sur l’Antiquité.

Poursuivons. Les détracteurs de la Bible vont aussi affirmer que nonobstant des miracles, la Bible contient une multiplicité d’événements et de personnages qui n’ont pas été authentifiés par des sources externes. Leur raisonnement fallacieux les induit à penser que le silence des connaissances externes dément le récit biblique. Bernard Guy expose la fragilité des arguments du silence : « Affirmer qu’une chose ou qu’un personnage ou qu’un événement n’ont pas existé parce qu’aucune découverte archéologique n’a été faite à leur sujet est une conclusion manquant de rigueur scientifique. Les arguments du silence ne prouvent rien. […] La seule conclusion scientifique qu’on peut honnêtement tirer d’une telle absence d’information archéologique est qu’aucune découverte archéologique n’a été faite au sujet de ces personnages bibliques jusqu’à ce jour. Tout le reste n’est pas scientifique, mais spéculatif. » Voilà une règle que nous devons garder en tête.

Maintenant, même s’il faut nous abstenir de considérer comme non historiques les récits bibliques qui ne sont pas corrélés par des sources extérieures, il existe néanmoins une quantité impressionnante d’autres récits bibliques pour lesquels des équivalents profanes ont été mis au jour. Dans la suite du présent article, j’ai répertorié de façon succincte et chronologique nombre de ces éléments de confirmation pour la période couvrant de l’arrivée des Hébreux en Égypte jusqu’au retour de l’Exil de Babylone.

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L’« inscription yahvique » au temple de Soleb au Nord-Soudan atteste que le yahvisme (c’est-à-dire le culte monothéiste du Dieu unique, Yahvé) n’a pas été introduit chez la population israélite au courant de la seconde moitié du premier millénaire av. J.-C., mais qu’il remonte au deuxième millénaire :

→ Yahweh inscription • circa 1400 BC [Bible and Archeology]

La fresque d’Aménophis corrobore le récit du 41e chapitre du livre de Genèse sur la rencontre du patriarche hébreux Joseph (fils de Jacob) avec le pharaon d’Égypte :

Découverte du plus vieux texte copié dans la Bible [Joseph Davidovits]

Cet égyptologue croit que l’auteur du Pentateuque plagia cet élément dans sa narration ; or la corrélation ne prouve pas la causalité : il s’agit de deux récits indépendants du même événement. Notez aussi que la chronologie de l’Égypte antique est sujette à débats entre spécialistes. Un expert en chronologie antique place le règne du pharaon Aménothep III en 1380-1345 av. J.-C., ce qui ne concorde pas avec la vie du patriarche Joseph qu’il place en 1773-1663. Je pose donc comme hypothèse que Joseph n’était pas Aménophis mais son lointain prédécesseur, et qu’Aménophis s’attribua une partie de l’histoire de Joseph qui était surement restée vivante en Égypte. Nous savons que les dirigeants de l’Égypte antique s’attribuaient sans vergogne des réalisations qu’ils n’avaient jamais accomplies. Ainsi, le pharaon Ramsès II s’exalta comme le triomphateur personnel des Hittites d’Anatolie alors que ceux-ci avaient bloquées son expansion à la bataille de Kadesh en Syrie au début du XIIIe siècle.

L’inscription de Séhel corrobore le compte rendu biblique sur la famine de sept ans ayant frappée le Proche-Orient au temps du patriarche Joseph :

Les sept années de famine annoncées par Joseph [Théonoptie]

Le papyrus d’Ipuwer corrobore le récit biblique des dix plaies d’Égypte, de la fuite des Hébreux vers le Sinaï et de la mort subséquente de pharaon dans l’étendue d’eau séparant l’Afrique de l’Asie (vers 1450 av. J.-C.) :

Les dix plaies d’Égypte et le papyrus d’Ipuwer [Lamed via Théonoptie]
Étude comparative du livre de l’Exode et du papyrus d’Ipuwer [Académie de Nice]

L’Exode des Hébreux dans le Sinaï a laissé peu de traces car « Dieu avait formellement interdit aux Israélites de faire des images, statues ou sanctuaires de roches dont on aurait pu retrouver certains vestiges » (dixit Bernard Guy). Cependant, nous ne pouvons pas considérer ce récit comme une invention d’influence mésopotamienne datant du Ve siècle av. J.-C. (comme le veut la critique), car la disposition du camp hébreu tel que décrit dans le Pentateuque concorde avec la disposition des camps militaires égyptiens (connue par l’archéologie) et non avec celle des camps mésopotamiens. L’expérience de Moïse dans l’entourage pharaonique explique plus logiquement cette disposition égyptienne du camp hébreu dans le Sinaï (source).

Plusieurs tablettes de Tell el-Amarna (entre autres les n° 273, 288 et 299) confirment plausiblement la conquête de Canaan par les Hébreux conduits par Josué à la fin  du XVe siècle av. J.-C. Ces tablettes écriture cunéiforme akkadienne ont été composées par des gouverneurs de cités cananéennes et envoyés au pharaon, leur suzerain, pour demander son assistance militaire contre des assaillants qui s’emparaient des villes cananéennes les unes après les autres. Les tablettes de Tel el-Amarna identifient ces conquérants par le terme  « Hapirou » (ou « Abiru »),  Il y a concordance entre la conquête de Canaan par des Hapirou décrite par les tablettes de Tell el-Amarna et la conquête de Canaan par les Hébreux décrite par les chapitres 10 à 12 du livre de Josué dans le Pentateuque, les mêmes villes (incluant Lachis, Gezer, Gath et Jébus) sont listées et tombent dans le même ordre. On a là un parallélisme significatif.

Le terme « Hapirou » est bien connu par les annales égyptiennes, assyriennes et sumériennes. L’appellation « Hapirou » désigne une catégorie de peuplades sémitiques semi-nomades et socialement versatiles présentes au Moyen-Orient au IIe millénaire avant notre ère. Les Hébreux, un peuple déraciné alors sans identité territoriale, étaient donc classés parmi les Hapirou. « Tous les Hapirou n’étaient pas des Hébreux, mais tous les Hébreux étaient des Hapirou » (Avraham Sandor).

La stèle de Mérenptah atteste que le peuple d’Israël existait vers 1209 av. J-C. (à l’époque des Juges) :

Falsification de la stèle de Mérneptah, dite d’Israël [Joseph Davidovits] — ce formidable article démontre aussi que le lecture traditionnelle de cette stèle, voulant que l’armée égyptienne aurait détruite Israël, est erronée.

L’ostracon d’Ascalon confirme l’historicité de deux personnages bibliques, l’Hébreu Samson et la Philistine Dalila :

Samson et Dalila [Interbible]

Une céramique portant l’inscription « Goliath » a été découverte dans la ville natale du Goliath biblique, Gath (aujourd’hui Tel es-Safi) :

Une preuve de l’existence de Goliath [Arouts Sheva via Théonoptie]

Goliath fut tué par David vers 1020 av. J.-C., et l’archéologue Aren Meir (Université de Bar-Ilan), qui dirige les fouilles à Gath, estime que cette céramique date d’approximativement 950 av. J.-C. « Si elle ne prouve pas hors de tout doute l’existence du géant Goliath, la découverte soutient néanmoins la description biblique de la vie à l’époque où cette bataille aurait eu lieu […] Ce que cela démontre, c’est qu’à cette époque, il y avait des gens nommés Goliath. Cela prouve que l’histoire de David et Goliath reflète la réalité culturelle de ce temps », affirme-t-il.

Le palais du roi David (érigé au début du Xe siècle av. J.-C.), de la même forme et à l’emplacement décrit par la Bible, a été retrouvé à Jérusalem (cliquez ici ou ici si le lien précédent dysfonctionne).

Des recherches récentes ont prouvées que le royaume d’Édom existait effectivement au Xe siècle av. J.-C. (ce qui démontre que la guerre de David contre les Édomites n’est pas un anachronisme) :

King David and the Edomites [University of California]

Une partie de la muraille de Jérusalem construite par Salomon a été découverte. Des édifices salomoniques furent également excavés à Hatsor, Guézer et Meguiddo.

L’ostracon d’Arad n° 18 prouve indirectement l’existence du temple de Salomon. Cet artefact est usuellement daté de la fin du VIIe siècle ou au début du VIe siècle av. J.-C. Il fait partie d’un ensemble de correspondances militaires judéennes dans le contexte de déplacements de troupes édomites ou babyloniennes. L’ostracon concerné contient la phrase « la maison de l’Éternel est bien, elle demeure » et semble avoir été adressée à Eliashib, un officier judéen en poste à Arad. Cette référence renvoie vraisemblablement au temple de Salomon à Jérusalem. Certains experts ont datés la strate de ces artefacts à la seconde moitié du VIIIe siècle, ce qui ferait de l’ostracon d’Arad n° 18 un objet contemporain du roi Salomon (règne de 970 à 930) :

Arad Ostraca • circa 600 BCE [Center for Online Judaic Studies]

Il est possible que la mention « maison de l’Éternel » ne se référait pas au temple de Jérusalem, mais au sanctuaire judaïque qui existait du Xe au VIe siècle à Arad. Or le plan de ce lieu de culte judaïque révèle qu’il était était une copie en miniature du temple de Jérusalem tel que décrit par la Bible, ce qui est une preuve indirecte alternative de l’existence du temple de Salomon.

Le bas-relief mural de Schischak du temple de Karnak en Égypte atteste l’invasion du royaume de Judée en 925 av. J.-C. par le le pharaon Schischak (règne de 945 à 924) au temps du roi Roboam (règne de 931 à 913), événement historique relaté par de multiples passages de l’Ancien Testament :

Temple de Karnak [Bible et Lieux]

Le calendrier de Gezer confirme possiblement l’historicité du roi judéen Abijam (aussi épelé Abijah ou Abia) qui régna brièvement à la fin du Xe siècle avant notre ère. En effet, ce document est signé par son nom et date de son époque, mais il se pourrait qu’il s’agisse de la signature d’un scribe portant le même nom. Ce calendrier fut peut-être composé dans une fin de taxation agricole ou bien pour une vocation pédagogique :

Gezer Calendar [Fowler Biblical Collection]

Le monolithe de Kurkh (ou Karkar) confirme l’historicité du roi d’Israël Achab (règne de 874 à 853 av. J.-C.). Le monolithe décrit la campagne de 853 du roi d’Assyrie Salmanazar III contre une coalition défensive de royaumes du Levant menée par Achab :

Excerpts from the Monolith Inscription [Doc Stoc]
The Kurkh Stela [British Museum]

La Bible ne semble pas donner d’information sur cet affrontement précis, mais elle s’accorde avec le monolithe de Kurkh : la vantardise de Salmanazar III qui se targue d’avoir anéantit ses adversaires est une exagération, mais ont peut comprendre qu’un des rois de l’alliance  mentionné par la Bible ainsi que par le monolithe — Hadadézer d’Aram (règne de 880 à 842) — est sorti affaibli de la bataille de Qarqar (dans la vallée de l’Oronte) et que c’est ce qui motiva les rois d’Israël et de Judée de lancer contre Aram une offensive de reconquête territoriale (1 Rois 22:1-4 & 22:29-35).

Le sceau de Jézabel confirme l’historicité la reine d’Israël éponyme, épouse phénicienne et idolâtre d’Achab :

Seal of Jezebel Identified [Associates for Biblical Research]

La stèle de Mesha (ou Mésa) prouve l’historicité de plusieurs éléments de l’Ancien Testament…

  1. Existence de la nation d’Israël dans le Levant au IXe siècle avant notre ère (le terme « Israël » est inscrit à cinq occurrences) ;
  2. Existence du royaume voisin de Moab (avec sa capitale Dibôn) à la même époque ;
  3. Historicité du roi d’Israël Omri (règne de 886 à 875 av. J.-C.) ;
  4. Conquête de Moab par Israël sous Omri, puis la révolte du roi de moabite Mesha contre le fils et second successeur d’Omri (qui n’est sont pas nommé, nous savons grâce à la Bible qu’il s’agit de Joram, 852-841) et la tribu israélite de Gad ;
  5. Historicité de la dynastie davidique — et par ricochet du roi David : André Lemaire (directeur d’études à la Sorbonne) a reconstitué la mention « Maison de David » à la ligne 31 (où le D est érodé). Lemaire n’est ni chrétien ni juif. Anson Rainey (recherchiste à l’Université de Tel Aviv) a traduit l’énoncé « autel davidien » à la ligne 12 (voir p. 300-306).

Stèle de Mesha • Département des Antiquités orientales [Musée du Louvre]

Autre référence utilisée : Estelle VILLENEUVE, « La stèle de Mesha — Parole d’un vassal rebelle d’Israël », Le Monde de la Bible (Éditions Bayard), Numéro 192, printemps 2010, p. 50-51.

L’obélisque de Salmanazar III, probablement dressé en 825 av. J.-C. dans la capitale assyrienne de Nimrud, atteste l’historicité du roi d’Israël Jéhu (règne de 841 à 814) qui est identifié nommément :

L’obélisque noir de Salmanazar III [Université de Genève]

Cet obélisque dépeint la soumission vassalique de Jéhu au roi d’Assyrie Salmanazar III (règne de 858 à 824). Ce choix géopolitique n’est pas mentionné dans la Bible. Il se comprend par le jeu des alliances : la Bible nous informe qu’Israël était alors en guerre contre le roi d’Aram Hazaël (règne de 842 à 805) et les annales assyriennes nous informent que l’Assyrie était en guerre contre Aram (Salmanazar III attaqua Damas), Jéhu choisit donc l’alliance tributaire avec l’Assyrie pour contrecarrer Aram.

La stèle de Tel Dan prouve l’historicité de plusieurs éléments de l’Ancien Testament…

  1. Existence de la nation d’Israël dans le Levant au IXe siècle avant notre ère (les mots « roi d’Israël » sont inscrits à la ligne 8) ;
  2. Historicité de la dynastie davidique — et par ricochet du roi David : la mention « maison de David » ou « cité de David » (dépendamment de l’agencement des fragments) est inscrite à la ligne 9 ;
  3. Parallélisme plausible : la stèle raconte la mort d’un roi araméen, et 2 Rois 8:7-15 rapporte comment avant qu’Hazaël ne devienne roi d’Aram, son prédécesseur Hadadézer (règne de 880 à 842) fut malade et mourut au lit ;
  4. Parallélisme plausible : la stèle raconte la guerre des Araméens contre les Israélites, et 2 Rois 8:28 & 9:15-16 rapporte qu’après avoir été blessé en combattant les Araméens, le roi d’Israël Joram (règne de 852 à 841) fut déposé à Jezréel.

Le fragment de stèle de Tel Dan [Akadem]
Erreur : “Le royaume de David & Salomon est mythique” [Approche scientifique d’une chronologie absolue]

L’auteur de la stèle de Tel Dan est plausiblement le roi d’Aram, Hazaël, ou bien son fils et successeur Bar-Hadad III (règne de 796 à 792 av. J.-C.). Il est sûr que la stèle de Tel Dan ne date pas des siècles suivants car elle fut découverte dans une couche antérieure à la destruction provoquée par la conquête assyrienne de 733-732.

Le sceau de Shema, ministre de Jéroboam, confirme l’historicité du roi israélite Jéroboam II (règne de 788 à 747 av. J.-C.) :

Seal of Shema • circa 788 BCE [Center for Online Judaic Studies]

La stèle dite d’Iran atteste l’historicité du roi d’Israël Ménahem (règne de 752 à 742 av. J.-C.). Cette stèle se réfère à « Ménahem de Samarie » (Samarie était alors la capitale du royaume israélite) et relate le tribut versé vers 743 par Ménahem à son suzerain, le roi d’Assyrie Teglath-Phalasar III (règne de 745 à 727) :

Menahem [Bible Beliver’s Archeology]

Le sceau d’Osée prouve l’existence du dernier roi d’Israël, Osée (règne de 732-724 av. J.-C.) :

→ Une signature royale [Interbible]

Les annales de Sargon II ainsi que le prisme de Nimrud corroborent le compte rendu biblique décrivant la roi déportation d’une part importante de la population du royaume d’Israël par le roi d’Assyrie Sargon II en 722 av. J.-C. :

→ The Annals of Sargon II • circa 722 BCE [Center for Online Judaic Studies]
The Nimrud Prism • 720 BCE [Center for Online Judaic Studies]

Des documents administratifs excavés dans l’antique cité assyrienne de Kalhu nous informent aussi que le corps de cochers (des experts des chariots de guerre) israélites fut cantonné dans cette vile. Il est intéressant de noter que les Samaritains, le peuple issu de la fusion des Israélites non déportés et des colons Phéniciens et Mésopotamiens, existe toujours, et que les descendants des éléments des « Dix Tribus perdues » israélites déportées vers l’Orient existent encore.

Le sceau d’Ézéchias au motif de scarabée prouve l’existence du souverain judéen Ézéchias (règne de 716 à 687 av. J.-C.). Le tunnel creusé par Ézéchias pour approvisionner Jérusalem en eau potable comprenant l’inscription de Siloé sont d’autres éléments de confirmation de l’historicité biblique :

Ézéchias, fils d’Achaz, roi de Juda [Interbible]
Tunnel d’Ezéchias [Bible et Lieux]

Le prisme dit de Taylor en argile confirme l’historicité de l’expédition militaire du roi d’Assyrie, Sennachérib (règne de 704 à 681 av. J.-C.), contre Israël en 701 av. J.-C., ainsi que l’historicité du souverain judéen Ézéchias (règne de 716 à 687 av. J.-C.) :

The Taylor Prism [British Museum]
King Hezekiah [Bible Beliver’s Archeology]

Un relief mural sculpté du palais de Sennachérib à Ninive (en Haute-Mésopotamie) confirme le récit biblique selon lequel la ville judéenne de Lachis (ou Lakish) capitula face à l’armée assyrienne et fut contrainte de verser un tribut à Sennachérib en 701 av. J.-C. :

Erreur : “Pas de corégence entre Sargon II et Sennachérib” [Approche scientifique d’une chronologie absolue]

Le cylindre d’Esar-Haddon confirme que le roi éponyme succéda à son père Sennachérib en tant que souverain d’Assyrie après avoir lutté contre ses frères qui avaient assassinés leur père (2 Rois 19:36-37) en 681 ou 680 av. J.-C. ; Esar-Haddon régna jusqu’en 669 :

Cuneiform cylinder : Inscription of Esarhaddon [Metropolitan Museum of Art]

Les amulettes de Ketef-Hinnom, qui sont des micro-parchemins en feuilles d’argent, attestent de l’existence du monothéisme allianciel et de plusieurs livres de l’Ancien Testament pendant la seconde moitié du VIIe siècle avant notre ère (vers 625 av. J.-C., c’est-à-dire avant l’Exil à Babylone, ce qui en font les deuxièmes plus anciens fragments bibliques retrouvés) :

Une amulette étonnante [Interbible]
The Blessing of the Silver Scrools [Associates for Biblical Research]

Le micro-parchemin n° 1 contient la bénédiction sacerdotale de Nombres 6:24-26, l’exposition de l’Alliance de Dieu avec la collectivité d’Israël qui correspond au texte de Deutéronome 7:9, ainsi que la titulature de Dieu le « Restaurateur » ou « Rétablisseur » comme dans Ésaïe 1:26.  Le micro-parchemin n° 2 contient la phrase « Réprimandeur/Menaçeur du mal » qualificatif qui se rapproche de celui de Dieu en Psaume 106:9.

Le sceau de Yismaël atteste l’existence historique de Yismaël, qui remplissait probablement la fonction de chef de la police judéenne au temps du prophète Jérémie, et qui fit assassiner le gouverneur de la province babylonienne de Judée vers 587 av. J.-C. :

Retour d’un assassin [Interbible]

Le sceau de Seraya & Néria confirme l’historicité de Seraya fils de Néria, le chambellan du roi de Judée Sédécias (règne de 597 à 586 av. J.-C.) que Jérémie mandata comme émissaire prophétique à Babylone vers 593 :

Le facteur de Jérémie [Interbible]

Le sceau de Baruk atteste l’historicité du secrétaire d’État judéen et ami de Jérémie, Baruk :

Le scribe Baruk, fils de Neriah [Interbible]

Plusieurs sceaux imprimés sur des tessons de poterie confirment l’historicité de Juchal et Gédélias, deux ministres du roi Sédécias qui firent jeter Jérémie dans une citerne, de Guemaria, un des scribes du roi de Judée Jojakim, et d’Azaria, un lévite ayant vécu à cette époque :

L’archéologie valide le récit de Jérémie [Théonoptie]
→ Excavations in the City of David [Institute of Archeology | Hebrew University of Jerusalem]

Une tablette en écriture cunéiforme, datée de 595 av. J.-C., confirme l’existence du haut-fonctionnaire babylonien Samgar-Nebu, dont la Bible relate la participation au siège de Jérusalem en 587 (Jérémie 39:3).

La Chronique babylonienne des années 605-595 confirme la première prise de Jérusalem par l’empereur babylonien Nabuchodonosor en 597 av. J.-C., la capture du roi judéen (en l’occurrence Jéchonias) et l’installation d’un roitelet fantoche (en l’occurrence Sédécias) sur le trône. De plus, quatre tablettes cunéiformes du palais de Nabuchodonosor mentionnent « Jéchonias roi de Judée » et sa famille comme bénéficiaires de rations alimentaires. Ceux-ci faisaient partie de la « seconde déportation » de l’élite judéenne en Babylonie (la première déportation avait eu lieu en 605).

L’Ancien Testament nous informe (Jérémie 34:7) que dans sa campagne contre Jérusalem en 589-588, à un moment donné, Nabuchodonosor s’était emparé de toutes les villes de Judée à l’exception d’Azéqa et de Lachis. Or l’ostracon n° 4, découvert à Lachis, nous informe qu’à un moment donné, le poste avancé de Maresha (qui dépendait de Lachis) ne captait plus les signaux d’Azéqa et envoya une missive à Lachis, ce qui confirme que les dernières forteresses à tomber furent effectivement Azéqa et Lachis.

Deux autres personnages de cette période identifiés par la Bible dont l’existence est confirmée par les archives cunéiformes babyloniennes sont les généraux babyloniens Nériglissar et Nebuzaradan qui délivrèrent Jérémie. Nériglissar était le gendre de Nabuchodonosor et un futur empereur babylonien. Nebuzaradan brûla Jérusalem, détruisit le temple de Salomon et déporta 832 nobles judéens à Babylone en l’an 586 av. J.-C. (puis 745 autres en l’an 582 av. J.-C.).

Source des quatre paragraphes précédents :
Nebo-Sarsekim Found in Babylonian Tablet [Associates for Biblical Research]

Irving Finkel, un expert du British Museum, a remarqué que « si Samgar-Nebu a existé, combien d’autres figures mineures de l’Ancien Testament existèrent ? Un détail mondain de l’Ancien Testament s’avère être exact et véridique. Je pense que cela signifie que l’ensemble de la narration [biblique] prend une nouvelle force. »

Le cylindre de Cyrus, qui raconte les exploits du fondateur de l’Empire perse, Cyrus le Grand (règne de 559 à 530 av. J.-C.), corrobore le récit biblique du retour de l’Exil. Selon la Bible, après avoir conquis la Judée (en 539), Cyrus permit aux Juifs captifs en Babylonie depuis un demi-siècle de retourner en Judée et en Galilée puis d’y reconstruire le temple de Jérusalem (ce qui fut fait entre 536 et 515). Le cylindre de Cyrus ne mentionne pas spécifiquement les Juifs, mais fait état de la politique de ce souverain de rétablir les différentes populations déplacées dans leur pays d’origine :

Cyrus Cylinder [Bible and Archeology]

La trouvaille d’un petit bijoux corrobore la description biblique des ornements des grands sacrificateurs de l’Ancienne Alliance :

Une clochette en or de l’époque du second temple retrouvée à Jérusalem [Ambassade d’Israël en France]

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5 Commentaires

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5 réponses à “La rigueur historique de l’Ancien Testament

  1. Durandal

    J’ai étudié la thèse du professeur Davidovits concernant l’association Joseph-Aménophis qu’il présente dans ce livre, ce livre, ce livre, cette capsule et cette conférence.

    Davidovits met l’arrivée de Joseph-Aménophis (qui était selon lui d’origine syrienne) en Égypte en 1419 av. J.-C., l’Exode en 1060, et l’arrivée des Israélites à Hébron en 960.

    Davidovits place la vie de Joseph-Aménophis en 1437-1356. Aménophis a grandit et vécu sous le règne des pharaons Thoutmosis III (1456-1425) et Aménothep II (1425-1401), est sans doute devenu une sommité sous le règne de Thoutmosis IV (1401-1390), fut l’éminence grise de l’Égypte pendant 35 ans sous le règne d’Aménothep III (1390-1352), et fut le précepteur du futur pharaon Akhénathon (qui régna en 1352-1336 selon Davidovits).

    La stèle de fondation du temple funéraire d’Aménophis est datée en 1356, l’année de sa mort. Au cours des trois siècles et demi suivants, ce temple dédié à l’un des plus grands savants du monde antique fut le premier centre intellectuel et scientifique de l’Égypte.

    Davidovits argumente que les Hébreux étaient en fait les artisans du temple d’Aménophis. Il effectue plusieurs rapprochements linguistiques, par exemple « artisans » = Hebrer = Hébreux, ou que les Lévites étaient les prêtres-fonctionnaires du temple d’Aménophis. Selon lui Moïse était en fait le directeur du complexe templier d’Aménophis et était un contemporain du pharaon Ramsès II. Au niveau de la linguistique, je n’ai pas les connaissances pour me prononcer là-dessus.

    Cependant, une anomalie chronologique saute aux yeux : comment l’Exode des Hébreux hors d’Égypte a-t-il pu se produire aussi tard qu’en 1060 si — comme Davidovits le démontre lui-même — l’existence d’Israël en Canaan est attestée dès 1209 ?

    Pour pallier à cette incohérence, Davidovits mobilise une série de trois petits exils d’Égyptiens « monothéistes » vers le pays de Madian — le premier en 1320 — après l’abolition du culte « monothéiste » d’Aton lorsque le pharaon « monothéiste » Akhénaton est mort. Ce sont ces égyptiens « monothéistes » exilés qui auraient constitué la peuplade israélite initiale que Moïse et ses artisans/Hébreux/Lévites du temple d’Aménophis auraient été rejoindre.

    Or, cette thèse qui repose largement sur le monothéisme supposé d’Akhénaton, ne tient pas. Dans son bouquin L’homme Moïse et la religion monothéiste, le psychanalyste (!) Sigmund Freud affirmait que le monothéisme du judaïsme est un plagiat du monothéisme du pharaon égyptien Akhénaton qui adorait le disque solaire Aton. Cette thèse est discréditée depuis longtemps (comme les autres idées de Freud). Voici que dit le professeur universitaire Donald Bruce Bedford, un égyptologue ayant plus de 40 ans d’expérience (il fut le directeur des fouilles du temple d’Akhénaton) :

    Avant que la plupart de l’évidence archéologique de Thèbes et Tell el-Amarna devienne accessible, quelques « experts » improvisés ont tournés Akhénaton en un enseignant humain du vrai Dieu, un mentor de Moïse, une figure christique, un philosophe avant son temps. Mais ces créatures imaginaires s’effritent une par une tandis que la réalité historique émerge graduellement. Il y a peu ou pas d’évidence qui soutienne qu’Akhénaton ait été le progéniteur du monothéisme absolu que l’on trouve dans la Bible. Le monothéisme de la Bible hébraïque et du Nouveau Testament a eu son propre développement séparé – lequel a commencé plus d’un demi-millénaire avant la mort de ce pharaon.

    (Référence : « Aspects of Monotheism », Biblical Archeology Review, 1996.)

    Non seulement le monothéisme judaïque précède Akhénaton de plusieurs siècles, mais le monothéisme (ou plutôt la monolâtrie) égyptien précède également Akhénaton de plusieurs siècles. L’égyptologue et bibliste Ashraf Sadek explique : « En Égypte, polythéisme et monothéisme cohabitaient. Bien avant Akhénaton, le monothéisme existait au Nouvel Empire, parfois jusque chez un tiers de la population, et même, plus faiblement, déjà à la fin du Moyen Empire nous avons de nombreux textes clairement monothéistes qui adoraient Amon comme le seul dieu. » De surcroît, il est contesté que le culte d’Aton prôné par Akhénaton était un monothéisme à proprement parler. L’archéologue et physicien Gérard Gertoux explique :

    Le monothéisme d’Akhenaton n’a jamais existé. En effet, l’hymnographie du Nouvel Empire manifeste nettement une tendance à l’épuration, à l’insistance sur l’Unité du divin plutôt que sur sa diversité. […] Malgré la persistance de la plupart des auteurs à vouloir parler de « monothéisme » lorsqu’il est question de la religion d’Akhénaton, on peut douter du bien-fondé de cette appellation. […] Le concept [de monothéisme] implique l’idée d’un Dieu unique et transcendant, entretenant avec les hommes un lien d’amour et personnel. […] [La religion d’Akhénaton] ressemble fort, à des siècles de distance, à la pensée des présocratiques, qui étaient à la recherche de l’élément cardinal du cosmos, de l’archê pouvant rendre compte de l’existence de ce dernier dans son intégralité. Aton, par ailleurs, n’est en rien transcendant ; il fait partie du monde matériel, dont il est la source.

    Pour ceux qui veulent creuser plus profond, je vous réfère à cet article qui réfute de long en large la thèse défendue par Sigmund Freud. D’autre part, ce n’est pas car Moïse avait un nom égyptien (Mou-is signifie « fils de l’eau ») qu’il était Égyptien, c’est simplement car il a été élevé par des Égyptiens. « C’est probablement la fille du pharaon qui lui a donné ce nom égyptien. Moshe, en hébreu, veut dire la même chose », dit M. Sadek. Certaines personnes trouvent cela curieux que Moïse ait gardé son nom égyptien après qu’il soit devenu le chef des Hébreux. Or il est plausible que « Moïse » n’était pas son nom complet et qu’il ait justement abandonné la partie de son nom qui rappelait le plus son passé égyptien. Se référer au troisième paragraphe ici.

    Tout cela pour dire que les Israélites monothéistes ne partageaient strictement pas de foi commune avec les Égyptiens monolâtres. Peut être que Davidovits s’en doutait, car il développe aussi toute une gamique afin de créer une parenté entre les prétendus Hebrer de Moïse et les adorateurs d’Aton apparemment exilés à Madian. Selon lui, ces deux communautés auraient préférés la pierre agglomérée alors que les Égyptiens polythéistes auraient préférés la pierre taillée… cela me paraît franchement insuffisant comme base de la constitution d’un peuple.

  2. Le monolithe de Kurkh

    Le monolithe de Kurkh est un monument assyrien haut de 2.2 mètres, contenant, dans sa partie finale, une description de la bataille de Qarqar. Il est aujourd’hui conservé au British Museum à Londres en Grande-Bretagne.

    Le monolithe raconte principalement les campagnes de Salmanazar III en Mésopotamie occidentale et en Syrie, lors desquelles il combattit les pays de Bit Adini et de Karkemish.

    La partie finale du récit inscrit sur le monolithe contient le décompte des belligérants de la bataille de Qarqar, lors de laquelle une «alliance de douze rois» combattit Salmanazar III dans la ville syrienne de Qarqar. Cette alliance, comprenant onze rois, était dirigée par Irhuleni, roi de Hama, et Hadadézer, roi de Damas, mais elle mentionne aussi un fort contingent mené par Achab, roi d’Israël.

    Source : Chronologie simplifiée de l’Israël antique [Bible, Histoire, Archéologie]

  3. Une nouvelle stèle d’Adad-Nirari d’Assyrie sur Joas d’Israël [Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres via Persée]

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